samedi 10 septembre 2016

Lutter contre les intoxications : le charbon actif

Le charbon est utilisé pour ses propriétés adsorbantes comme anti-poison depuis l'Antiquité... avec des résultats fort variables, et souvent discutables.

Au début du XIXe siècle, des chimistes français ont développé le charbon végétal activé, qui présente une surface d'adsorption beaucoup plus importante que le simple charbon, et donc une efficacité accrue. Les pores du charbon activé déploient une surface de 1 km² par cm3 de matière.

Cette activation consiste à porter le charbon à une température de 600-1000°C, en présence de vapeur d'eau surchauffée ou d'autres substances, dans des conditions de pression contrôlée. Il n'est donc pas envisageable de fabriquer cette substance, qui est commercialisée aujourd'hui sous forme de gélules (100 à 200 mg) ou de poudre en vrac.


Comment fonctionne-t'il ?

La grande surface de pores offre au charbon une grande surface de contact avec les polluants, et la structure moléculaire du charbon lui permet de fixer par adsorption ces molécules.

Il permet ainsi de fixer les substances organiques nocives pour l'organisme (bactéries, toxines, venins...) :
  • stupéfiants
  • médicaments (c'est un effet à double tranchant, il peut neutraliser un médicament utile, et notamment la pilule !)
  • alcaloïdes
  • produits chimiques agricoles : désherbants, engrais...
  • gaz toxiques
  • détergents
  • solvants organiques
  • toxines bactériennes telles que celles de la diphtérie, du tétanos, du botulisme, du perfringens
  • amines toxiques de décomposition (présentes dans la viande avariée ou en putréfaction)
  • venins
  • mycotoxines (toxines libérées par les champignons ou les moisissures)
  • aflatoxines (une mycotoxine particulièrement redoutable, DL50 à 5mg/kg)

Il va de soi qu'en cas d'intoxication ou d'empoisonnement, le premier réflexe doit être de consulter le centre anti-poison le plus proche et de contacter le SAMU pour obtenir une assistance médicale. L'ingestion de charbon actif sera réservée au seul cas où ces services ne sont pas disponibles, sous votre responsabilité et sans garantie de résultat.

Le charbon activé sera notamment inefficace en cas d'ingestion d'hydrocarbures ou de produits corrosifs (acides).


Usages classiques

Le charbon actif est utilisé en petites doses (2 à 4 gélules par jour) pour réduire les ballonnements intestinaux (par adsorption des gaz) ou les diarrhées chroniques (par adsorption de l'eau résiduelle dans l'intestin).

On retrouve également le charbon actif dans les procédés de filtration de l'eau. Sur ce point, j'attire votre attention sur la relative inefficacité des filtres au charbon "maison" ! Ceux-ci étant fabriqués à partir de charbon classique, ils offrent une surface d'adsorption bien inférieure au charbon activé, ce qui les rend moins efficaces.


Posologie usuelle

Ce chapitre ne constitue pas une préconisation médicale, mais une compilation des usages courants données à titre informatif. L'automédication présente des risques dont vous êtes seuls juges :
Ballonnements : 2 à 4 gélules de 200 mg par jour, réparties au cours des repas
Diarrhées : 3 gélules de 200 mg, trois fois par jour entre les repas
Intoxication : diluer dans de l'eau froide une quantité 10x supérieure à la quantité de toxique ingérée. Administrer oralement, lentement, par petites quantités. En cas d'intoxication sévère, répéter la prise toutes les 4-6 heures, pendant 1 à 2 jour.
Dose maximale : les médecins considèrent habituellement que la dose maximale à administrer à un adulte est de 100 g/jour. Pour un enfant, elle serait de 10 g/kg.
Interaction médicamenteuse : le charbon actif peut neutraliser les substances actives des médicaments (notamment des pilules contraceptives), il convient d'espacer la prise d'au moins 3 heures
Contre-indication : le charbon actif peut être contre-indiqué dans certains cas précis (malformation ou modification de l'intestin suite à des opérations chirurgicales, maladies intestinales...).
Durée de prise : sauf en cas de diarrhée chronique (colopathie fonctionnelle), le charbon ne doit pas être ingéré pendant plus de 10 à 15 jours en raison du risque de constipation.
Délai de prise : le charbon actif doit être ingéré le plus rapidement possible après la prise du toxique. 3 ou 4 heures après l'ingestion du toxique, le charbon est devenu inutile.



dimanche 17 juillet 2016

Protocole #000 - Stratégie de survie : rester ou partir

La stratégie de survie, lorsque survient une crise majeure, repose très souvent sur la simple question "rester ou partir".

Faut-il rester à son domicile (bug in), au risque d'être dépassé par les événements ? Au risque que plus tard, toute fuite soit impossible ?

Faut-il fuir (bug out), au risque de se retrouver en situation d'exil sur les routes ? Au risque de ne pas atteindre son point de chute ?

Cette question, "comment savoir si on doit évacuer ou rester ?", revient très souvent. Je veux donner ici mon éclairage sur la question, et aborder les critères de décision. (Sachant que je reviendrai dans des billets ultérieurs sur les stratégies du "leave" et du "stay".)


Au temps pour la BAD, au temps pour Mad Max

Si vous avez la chance de disposer d'une Base Autonome Durable (je parle d'une véritable BAD, pas d'une résidence secondaire améliorée), cet article ne s'adresse pas vraiment à vous. Parce que vous habitez déjà en permanence votre BAD. (Dans le cas contraire, il s'agit de ce que je considère être un point de chute. Amélioré.)

Si vous fondez votre stratégie sur un scénario Mad Max (vous n'avez aucun stock, vous comptez sur l'exil pour trouver des ressources et vendre vos compétences), cet article ne s'adresse pas à vous. En fait, dans ce cas, je pense même que la totalité de ce blog ne s'adresse pas à vous...

Ces deux stratégies feront elles aussi l'objet d'articles ultérieurs.


Le choix par défaut : stay

Je vais être clair : le choix par défaut est de maintenir votre présence au domicile. Pour les raisons suivantes :
  • vous ne disposerez jamais, en trajet ou à destination, d'autant de ressources qu'à votre domicile
  • vous êtes plus vulnérables en déplacement et à découvert qu'entre quatre murs
  • vous ne connaissez (normalement) aucun endroit aussi bien que votre domicile et ses abords. Vous avez l'avantage du terrain.
  • vous connaissez votre voisinage et disposez d'une ressource sociale, que vous perdez en vous déplacant
  • se déplacer le cas échéant avec femmes et enfants est compliqué
  • vous ne serez jamais le seul à partir ; tout au plus, partirez-vous un peu plus tôt que les autres
  • pour partir, il faut connaître sa destination avec précision, ainsi que son itinéraire. Ce point s'anticipe, mais si vous ne disposez pas d'un point de chute (type BAD, ou famille), vous finirez en exil

Mon grand-père a connu l'exil sur les routes de France en 1939, non par choix, mais sur ordre du Gouvernement, et d'un préfet dénommé Robert Schuman... Un exil "organisé" par l'Etat, qui l'a conduit à 14 ans à dormir avec sa famille dans des gares, dans des arrière-cours et dans des écuries. Un exil qui l'a condamné à retrouver, plus d'un an plus tard, sa maison saccagée et détruite par les troupes Françaises, et à commencer à revivre avec l'assistance de la Croix Rouge Allemande.

Je ne souhaite ce destin à personne. Je ne vous souhaite pas d'être contraints à l'exil, et je ne vous souhaite pas de le choisir.

Dit en d'autres termes, il ne faut jamais se demander "dois-je rester ou partir ?" mais uniquement "l'heure est-elle venue de partir ?"


Rester... envers et contre tout

J'ai des proches qui sont dans le périmètre d'un CNPE (centrale nucléaire). J'ai donc eu connaissance des protocoles d'évacuation qui ont été pensés par des gens nécessairement plus intelligents et mieux informés que nous.

Le protocole d'évacuation, en cas de fuite de matériau radioactif hors de la centrale, est (1) le confinement puis (2) sur ordre des autorités, évacuer le domicile (à 5 km du CNPE) pour rejoindre une salle communale située à 15 km du CNPE.

Ne pensez pas que c'est une plaisanterie.

C'est le protocole officiel.

J'ajoute à cela que je suis convaincu que la sécurité civile, l'armée et les forces de l'ordre n'ont pas en leur possession toutes les tenues de protection NBC et les masques, nécessaires pour protéger les civils, ni le temps et le personnel pour aider les gens à s'équiper et à se décontaminer. (Si vous avez des informations qui vont dans le sens contraire, je suis preneur.)

Le but de ce propos n'est pas de vous rendre paranoïaque, ou défiant vis-à-vis des instructions de l'Etat. En situation de crise, les responsables prennent les meilleures décisions possibles, en fonction des moyens dont ils disposent. Le problème est juste qu'ils n'ont pas, et n'auront jamais, les moyens humains et matériels, parce que ce n'est pas la priorité.

Je ne vais pas épiloguer sur cet exemple, et sur l'attitude à tenir (ce sera l'objet du protocole #002), mais cela vous donne une idée des réflexions à avoir.

Je vous invite à avoir votre propre matériel et vos propres protocoles, mûrement pensés et réfléchis en amont. Et si ces protocoles vont à l'encontre de ce que fait la masse, suivez vos protocoles. Surtout lorsqu'ils vous permettent de rester à domicile.


Se préparer à rester... implique de se préparer à partir

Il découle de cette philosophie un point fondamental de votre préparation : vous devez consacrer 80% de vos moyens et de votre temps à préparer votre domicile à un scénario bug in.

Et néanmoins, vous devez régler en priorité la question du bug out !
Cela peut paraître contradictoire, mais si vous n'avez pas une option de fuite qui est préparée à l'avance, vous n'avez pas d'alternative réelle au bug in. Dans ce cas, vous ne prenez pas une décision, vous êtes juste contraints à rester à votre domicile. Vous subissez la situation, ce qui est le contraire de la mentalité prepper...

Vous devez donc régler en priorité la question de l'évacuation. Sans pour autant vous disperser dans le choix d'une BAD, dans l'acquisition sans fin de matériel.

Ceci peut se faire à mon sens en préparant les éléments suivants :
  • votre point de chute. Si vous n'avez pas de BAD, ce peut être une résidence secondaire, un membre de la famille, un ami ; suivant vos moyens, une résidence hôtelière, une location...
  • les itinéraires de ralliement. Prévoyez au moins un itinéraire autoroutier, un itinéraire routier hors grands axes, un itinéraire pédestre, les étapes.
  • un sac d'évacuation
  • la liste du matériel à emporter dans le cas où vous disposerez d'au moins une heure avant d'évacuer
  • un véhicule prêt, avec le carburant (je vous renvoie vers l'article consacré au sujet)
  • un protocole d'évacuation (cela fera l'objet du protocole #005)

Clairement, le bug out fait vendre du matériel, il fait fantasmer et monter en flèche le taux de testostérone, et emballe l'imaginaire.
Simplement, la réalité d'un exil est loin d'un scénario fantasmé, et peut se compliquer cruellement, par exemple si vous avez une femme non entrainée, des enfants, des blessés... avec vous.


"L'heure est-elle venue de partir ?"

Vous devez aborder le problème sous cet angle, et considérer que le départ est la dernière issue. (Sauf, encore une fois, si vous disposez d'une BAD opérationnelle.)

Le fait d'envisager en dernier recours l'évacuation ne doit pas être le prétexte pour éluder le problème. Ne faites pas l'autruche, en refusant de regarder les faits en face ! Et vous aurez d'autant plus de facilité à répondre objectivement à la question, que vous disposerez d'un protocole d'évacuation.

En tout état de cause, vous devez juger de la situation sur des critères objectifs, et qui sont à adapter à votre situation personnelle. Par exemple, l'épuisement des supermarchés est à interpréter différemment, suivant que vos stocks se trouvent à votre domicile, dans une BAD, ou dans un autre point de chute.)

Si je reste dans les hypothèses prises pour cet article (vous avez un point de chute, mais il n'est pas aussi bien équipé que votre domicile), voici trois points à vérifier en permanence. Si l'un ou l'autre est atteint, je pense que c'est le signal du départ imminent :
  • des individus nuisibles se regroupent en bandes et les forces de l'ordre commencent à être dépassées par la situation et des rumeurs d'atteinte aux biens et au personnes se font entendre
  • risque objectif menaçant votre domicile et contre lequel vous n'êtes pas préparés, ou contre lequel vous ne pouvez pas lutter : force armée ennemie ; incendie ; inondation ; risque de rupture de barrage...
  • si la crise est de nature à ce que les ressources probables dans votre point de chute deviennent supérieures à vos ressources certaines sur votre lieu de résidence (cas typique de l'évacuation d'un appartement en faveur d'une résidence secondaire à la campagne).


De quoi réfléchir...

N'oubliez jamais qu'en cas de crise, la quasi-totalité de la population aura une réaction identique (telle que fuir à un endroit X), et à ce moment chacun croira être le seul à avoir eu cette idée.

Ça ne sert à rien d'évacuer, si tout le monde évacue en même temps que vous.

Ça ne sert à rien d'évacuer, si vous prenez un flot de citadins deux jours plus tard.

Pensez différemment. Pensez à contre-courant.

Les protocoles

Les gouvernements établissent des protocoles. Les sociétés établissent des protocoles. L'armée établit des protocoles. Vous devez établir des protocoles.

Qu'est-ce qu'un protocole ? C'est une série d'actions à réaliser, avec des points de contrôle (dits points d'arrêts). Sachant qu'un bon protocole est à la fois simple et souple (il s'adapte à plusieurs situations possibles).

L'intérêt des protocoles, c'est que vous allez pouvoir réfléchir tranquillement à une problématique, en dehors de toute situation de danger.
Ce sera l'occasion d'échanger avec vos proches sur des situations concrètes et de prendre leurs avis (ma femme a le don pour remettre en question nos protocoles et les améliorer). C'est également une excellente occasion d'aborder le sujet avec eux de manière apaisée et  sur la base d'un problème concret.

Si une crise survient, vous n'avez plus qu'à sortir et à appliquer votre protocole. Toutes les opérations principales étant définies, vous gagnez en sérénité et vous pouvez vous concentrer sur les détails.



Nous allons voir ensemble différents exemples de protocoles, dans une série d'articles à venir, mais gardez bien à l'esprit qu'il ne s'agira que d'une trame générale, à adapter à votre cas particulier, et à discuter avec vos proches :

#000   Protocole Stay or Leave : comment prendre la décision entre rester au domicile ou évacuer ?
#001   Protocole NBC et accident industriel : confinement au domicile en cas d'accident industriel majeur
#002   Protocole Bug In : le confinement au domicile, hors cas d'accident industriel majeur
#003   Protocole Go Home :  retour rapide au domicile en cas de situation critique
#004   Protocole  Bug Out : l'évacuation du domicile
#005   Protocole Grand Froid : préparer l'arrivée d'une période de grand froid (-10°C sur plus de 10 jours continus)
#006   Protocole Intrusion : faire face à une intrusion du domicile de jour ou de nuit
#007   Protocole Emeutes Urbaines : se dégager d'une situation d'émeute urbaine

Cette page sera mise à jour avec les liens au fur et à mesure de l'établissement des articles dédiés à chaque protocole.

Je vous conseille d'établir ces protocoles sur papier, et de conserver les exemplaires en lieu sûr, et accessible.

jeudi 14 juillet 2016

EDC

L'EDC, l'Every Day Carry, c'est le petit matériel qu'on porte sur soi au quotidien, en permanence.


Le principe

L'EDC se compose du matériel minimum qui nous permette de faire face à plusieurs situations qui vont de courantes à exceptionnelles.

Le rôle de l'EDC est d'apporter une aide et un confort au quotidien, ainsi qu'un surcroît de sécurité. Chacun est donc gagnant à se demander quel objet lui manque au quotidien, et à s'en pourvoir.

Les caractéristiques fondamentales de l'EDC, qui découlent de ces objectifs et de ces contraintes sont :
  • d'être porté en permanence sur soi : il vaut mieux avoir un mauvais couteau sur soi, qu'un excellent couteau tactique dans son tiroir de bureau... Ce point fait l'objet d'un autre article !
  • d'être utilisé tous les jours : si on porte sur soi du matériel qui ne sert jamais, c'est qu'il est mal choisi et inadapté ! Un bon EDC sert au quotidien... à l'exception du matériel de défense personnelle...
  • d'être minimaliste et optimisé : il faut choisir avec soin son matériel, prendre du matériel léger, discret, polyvalent et fiable
  • d'être discret : il n'est pas très utile d'arriver avec du matériel camo en ville... c'est même contre-productif, puisque cela attire l'attention
  • d'être adapté à votre environnement et à votre mode de vie : un urbain qui circule en métro, un urbain qui circule en voiture en banlieue, un commercial qui fait de la route, un ouvrier, un cheminot n'ont pas les mêmes problématiques et ne peuvent pas avoir le même EDC...
  • et enfin, ce n'est pas un kit de survie : si la problématique à laquelle vous cherchez à répondre est de survivre dans un environnement hostile, la réponse à apporter ne doit pas se faire au travers de l'EDC, ce n'est pas son but (sauf si vous êtes SAS, et que survivre dans un environnement hostile fait partie de votre quotidien !)

Il ressort de tous ces points qu'un EDC est personnel, et qu'il résulte d'une réflexion aboutie sur les situations que l'on est amené à rencontrer au quotidien.
J'ajouterai qu'il évolue en permanence, en fonction par exemple des saisons, des lieux différents qu'on est amenés à fréquenter. Il évolue aussi avec nos habitudes et nos usages, lorsqu'on se rend compte par exemple au bout d'un an, qu'on n'utilise jamais telle ou telle partie de l'EDC.


Le contenu

Bien que l'EDC soit personnel, les listes et les photos abondent sur la toile, et sont une aide précieuse, soit pour composer votre EDC ex nihilo, soit pour vous aider à remettre en question votre EDC et l'améliorer.

A titre d'exemple, voici le matériel que j'utilise :



  • téléphone portable : au-delà de la fonction évidente de contacter les secours ou un proche, il peut servir de lampe (en backup) et d'appareil photo
  • lampe torche LiteXpress Workx 206, 65 lumens : je l'ai choisie pour son rapport qualité/prix, son encombrement et son poids très réduits, et surtout pour le fait qu'elle fonctionne avec une seule AA LR6 (le modèle de pile sur lequel tout mon système est basé)
  • carnet et crayon : je les porte en permanence autant pour la prise de notes, pour mes listes, pour laisser un message à quelqu'un, que pour glisser sous la couverture des papiers importants. Le crayon est une pointe noire fine, plus fiable et plus fin que les bics, qui permet une écriture très dense et le dessin.
  • couteau suisse Victorinox Climber : l'outil indispensable et polyvalent, si je ne devais garder qu'une chose de l'EDC, ce serait lui
  • kit médical : quelques médicaments de base (analgésique, antipyrétique, antihistaminique, antidiarrhéique, pastille de purification de l'eau...), sérum physiologique, sucre, masque hygiénique pour le bouche-à-bouche
  • briquet
  • clef USB : elle contient une copie de mes papiers d'identités et de divers papiers administratifs. Ces données sont cryptées et cachées dans un faux fichier vidéo. La place restante permet d'utiliser la clef pour une utilisation plus classique.
  • couteau à cran d'arrêt : c'est un couteau PumaTec low-profile, avec une lame en acier 420 de 70mm (le 299409). Comme tous mes couteaux à cran d'arrêt, le verrouillage de la lame est assuré par un liner-lock. Ce couteau n'est pas avec le reste de mon EDC, je le porte en permanence soit en port discret, soit dans une poche. A toutes fins utiles, je rappelle que le port de ce type de couteau (cat. D) est interdit en France, sauf si on est en mesure de justifier de son usage légitime (pour le travail, randonnée, pêche...).



Cet EDC est en perpétuelle évolution. Lorsqu'un élément s'avère inutilisé pendant un an, je finis par le sortir de l'EDC. Cette phase de "purge" est achevée, les éléments qui restent sont utilisés régulièrement. Mais je continue d'ajouter ou de remplacer les éléments suivant mes besoins.


Et vous... portez-vous un EDC similaire ? Je suis preneur de vos avis, et répondrai avec plaisir à vos questions !

mardi 12 juillet 2016

La carte d'urgence

En situation de crise, vous avez besoin de solutions. Vous n'avez pas besoin de de problèmes supplémentaires.

Vous n'avez aucune envie de lancer une recherche internet sur votre smartphone. Si vous n'avez pas de smartphone, vous n'avez aucune envie de chercher un PC avec un accès internet. Ou simplement, vous n'avez pas le temps. La carte d'urgence est là pour répondre à ce besoin : vous donner le bon contact, tout de suite.

Vous avez un accident grave, vous êtes retrouvé inconscient. Les secours fouillent vos papiers et trouvent votre identité. Ils entament les démarches pour retrouver une personne à contacter. La carte d'urgence répond à ce besoin, et donne votre identité, votre résidence, les personnes à contacter en cas d'urgence, votre situation médicale.

La CU est une carte personnalisée, faite maison, format carte bancaire, qui contient des informations utiles en cas d'urgence. Utiles pour vous, ou utiles pour les personnes qui pourraient vous trouver suite à un accident.

Cette carte est donc à porter sur soi en permanence.

Je vous explique dans un premier temps ce qu'elle contient, ensuite la manière la plus simple de la fabriquer...


Le recto

Au recto, la CU contient des informations sur le porteur. Elle contient notamment des mentions médicales (groupe sanguin, allergies médicamenteuses, position vis-à-vis du don d'organe). Ces informations ne seront pas suffisantes pour que le corps médical prenne une décision (transfusion, prélèvement), mais peut permettre de gagner un peu de temps, dans une situation réellement dégradée.

La carte indique donc :
  • un gros logo en forme de croix rouge + : cela permet à toute personne qui la voit d'identifier rapidement le contenu et l'importance de la carte
  • le nom du porteur
  • la date de naissance
  • le numéro de sécurité sociale
  • l'adresse de résidence
  • une adresse mail de contact
  • les mentions suivantes en gras et en rouge, centrées :

Groupe sanguin : XX
Pas d'allergie médicamenteuse connue / Allergie à XX
Autorise/Refuse le don d'organe
Autre : pacemaker ? prothèse ? ...

  • une liste de personnes à contacter en cas d'urgence, par ordre de priorité, avec un numéro fixe et un numéro de portable. Le degré de parenté des personnes n'est pas indiqué (nom, prénom, numéros de téléphone). La liste est précédée d'une mention claire : "En cas d'urgence, merci de contacter :"



Au verso

Au verso, la CU contient les contacts utiles en cas de problème, et des informations connexes :
  • numéro MédiGuarde : il s'agit d'une permanence 7/7 24/24 assurée par des médecins. Le numéro varie suivant les départements. Ce numéro permet de joindre un service médical à même de délivrer une ordonnance à distance, dans certaines conditions, et de ne pas encombrer inutilement le 15. Ce numéro est payant, mais il faut savoir que si vous composez le 15 pour une urgence jugée non vitale par l'opérateur, alors celui-ci va d'office vous rediriger sur MédiGuarde... autant gagner du temps, et ne pas encombrer les services d'urgence.
  • numéro du centre anti-poison le plus proche
  • numéro Info Urgences Cyprès (0800 427 366) : Cyprès est le centre d'information pour la prévention des risques majeurs. En cas d'incident industriel majeur et en cas de besoin vital, vous pourrez obtenir des informations utiles
  • numéros d'opposition carte bancaire : le numéro de votre banque depuis la France, le numéro depuis l'étranger, et le numéro "toutes banques", davantage taxé mais polyvalent (0892 705 705)
  • numéro d'assistance de votre assurance : le numéro à joindre en cas de sinistre. En cas d'incendie de votre domicile, vous avez le numéro pour déclarer l'accident. En cas de panne automobile ou d'immobilisation, vous avez le numéro à joindre. Attention, si vous avez des contrats chez plusieurs assureurs différents, vous aurez plusieurs numéros... Il peut être utile, ici, d'y adjoindre votre numéro d'assuré.
  • numéro d'assistance juridique : je vous encourage vivement à souscrire à une protection juridique. Pour une somme de 120 à 200 € par an, vous disposez en permanence des conseils de juristes spécialisés, qui peuvent intervenir à votre place, en médiation auprès d'organismes tiers. Et si vous en arrivez à devoir déposer une plainte (ou pire, si vous êtes attaqués en justice), vous aurez l'assistance d'un avocat et vous serez accompagné dans vos démarches. C'est bien plus utile qu'on ne le croit, et c'est même rapidement rentable (problèmes de succession et d'héritage, litiges immobiliers, récupérer une caution...). Je précise également que les formules "assistance juridique" comprises avec les cartes bancaires ou les contrats d'assurance habitation sont largement insuffisants ; d'une part, ils comprennent de nombreuses exclusions et des plafonds très bas, et d'autre part, ils sont inutiles en cas de litige avec votre banque ou votre assurance...
  • numéro d'assistance de votre carte bancaire : à votre contrat de carte bancaire (sauf les cartes à petits tarifs) est attaché une assurance et une assistance. Vous payez tous les mois pour cela, autant vous en servir.



Comment faire votre CU

Je vous recommande de faire la CU à peu près au format carte bancaire (environ 85mm par 54). Si vous vous en sortez en informatique, Word permet de le faire facilement aux bonnes dimensions avec l'outil Tableau, mais de nombreuses autres solutions sont possibles.
Vous imprimez le recto et le verso, vous les découpez et les collez dos-à-dos.

L'idéal est de plastifier la carte, si vous voulez la voir survivre plus de quelques mois. A défaut d'accéder à une plastifieuse (certaines imprimeries les mettent à disposition), l'idéal est de mettre la CU dans un porte-badge en plastique. (C'est la solution que j'ai retenue et ma carte a déjà tenu 3 ans.)



Cette carte m'a servi à plusieurs reprises, pour les numéros d'urgence. Un jour de Noël, pour obtenir une ordonnance en urgence. En déplacement, pour mon assistance juridique. Une nuit... agitée... pour obtenir un conseil médical.

Si vous avez des systèmes similaires, n'hésitez pas à réagir et à partager !

dimanche 5 juin 2016

Lutter contre les inondations

Après l'essence, je me lance dans un second article "de circonstance" au vu de l'actualité : la lutte contre les inondations. Prévenir, minimiser le risque, lutter contre les eaux.


Prévenir

Mieux valant prévenir que guérir, on peut se renseigner soigneusement sur le risque d'inondation au moment d'acheter une nouvelle propriété. Aujourd'hui, l'information sur les risques (risques industriels, inondations, retrait-gonflement des argiles...) est annexée systématiquement à un acte de vente - encore faut-il prendre soin de le lire, et surtout, ne pas le découvrir au moment de la signature de l'acte de vente !

Pour ceux qui sont déjà installés, il est toujours possible de se renseigner, pour évaluer le risque, et prendre les décisions en conséquence.


Se renseigner

En France, l'information est très facile à trouver, nous avons des bases de données très bien faites et accessibles :
  • le site des risques majeurs, prim.net
  • les cartes interactives, dans lesquelles il faut choisir le risque d'inondation. Un des calques intéressant à afficher est "remontée de nappe dans les sédiments". Voici le résultat pour une commune prise au hasard :


Dans les zones en bleu, la nappe peut remonter au-dessus du niveau du sol. Ces zones ne sont normalement pas constructibles, et sont à éviter à tout prix.
En tout cas, c'est intéressant d'imprimer cette carte pour les environs de votre domicile, car les routes d'accès, principales ou secondaires, pourront être bloquées...

Après cette première recherche, il faut observer l'environnement, et discuter avec le voisinage. On dit souvent qu'il faut observer l'emplacement des bâtiments les plus anciens... mais c'est à prendre avec beaucoup de prudence !


Des modifications récentes des cours d'eau, l'imperméabilisation des surfaces, les modifications des sols, ont pu modifier les écoulements des eaux. Les volumes des pluies sont en constante augmentation ; les cours d'eau ont donc des débits ponctuellement plus élevés, et peuvent être sujets à des crues, alors qu'ils ne l'étaient pas avant.
J'ai connaissance de plusieurs secteurs (dont une ancienne cité ouvrière) qui n'ont jamais été inondables, et qui le sont devenus ces dernières années. Le premier, à cause de l'extension des surfaces imperméabilisées ; le second à cause de la modification du régime hydrologique d'un cours d'eau à proximité.

Il faut observer également si les bâtiments (anciens ou modernes !) ont des niveaux de sous-sols enterrés.
Attention toutefois ; sous certaines conditions, les promoteurs peuvent construire des niveaux de sous-sol inondables. Ceux-ci se reconnaissent grâce à des carottages réalisés dans le béton, et qui servent de "soupape" en cas de remontée des eaux (la carotte en béton remonte, et l'eau s'infiltre). Prudence donc si vous voyez une découpe circulaire dans une dalle en sous-sol, ou des locaux de pompage.

Un autre indice (pour un oeil averti) est d'observer les tampons en fonte des réseaux d'eau pluviale. S'ils sont verrouillés, alors le site est très probablement en zone inondable. Un tampon fonte verrouillé se reconnaît à la présence d'une articulation et d'un dispositif d'ouverture :


Il est également intéressant de voir si des canaux sont situés à proximité. Ces canaux sont gérés par VNF (Voies Navigables de France), et sont souvent contenus par des digues. Certains traversent des villes, voire des métropoles. Les ouvrages les plus importants et les plus sensibles (comme le Rhin) sont étroitement surveillés, mais gardez à l'esprit le très grand linéaire de digues et de canaux en France, et les restrictions budgétaires... Par prudence, les abords des digues (fluviales ou maritimes) sont des zones à éviter...

J'oublie certains points, mais pour le reste, le bon sens reste de mise. Il vaut mieux habiter en hauteur qu'en pied de colline, il vaut mieux habiter dans les anciens quartiers situés en hauteur que dans les bas quartiers (historiquement, plus pauvres, et parfois avec des réseaux d'évacuation saturés ou mal dimensionnés).

Enfin, faut avoir à l'esprit que, même si on se trouve en hauteur, dans une zone qui n'est pas à risque, une montée (faible) des eaux peut survenir.
Il suffit pour cela d'avoir un niveau enterré ou semi-enterré, situé plus bas que les voiries ou les sols avoisinants. Si le sol n'infiltre plus l'eau, ou que les réseaux d'eau s'encrassent (il appartient à la collectivité de les nettoyer régulièrement), une montée des eaux peut se produire, et cette eau va aller naturellement dans les points les plus bas... votre sous-sol ! Mais ce type d'inondation ne dépassera généralement pas le niveau du sol.


Minimiser les conséquences

Pour nous, qui avons des stocks parfois conséquents, souvent en sous-sols, les conséquences peuvent être graves, et vite chiffrer... Le bon sens suffit à dicter la conduite à tenir :
  • mettre les équipements sensibles sur des socles de 10 à 15cm
  • stocker en hauteur les équipements de valeur ou fragiles
  • éviter de stocker en sous-sol ce qui peut éviter de l'être (le grenier, c'est le pied !)
  • en cas de montée des eaux, monter d'un niveau les objets de valeur, ou les stocks les plus sensibles
  • en cas d'épisode pluvieux violent, surveiller les sous-sols

Ces mesures s'appliquent surtout pour les remontées d'eau en sous-sol.


Lutter contre la montée des eaux

On peut lutter contre l'eau dans une certaine mesure, mais c'est un combat où nous partons désavantagés.

Plusieurs solutions sont efficaces :
  • les sacs de sable (ou mieux, les sacs absorbants). Ils permettent de construire des digues et de protéger des grandes longueurs.
  • les batardeaux en bois. Ils vont permettre de protéger une ou plusieurs ouvertures efficacement. Au contact de l'eau, le bois va gonfler, et les joints entre les planches ou les panneaux vont se refermer. C'est une solution efficace pour condamner une ou plusieurs portes par exemple. Si vous êtes dans une zone à risque, l'idéal est de prévoir le bois aux bonnes dimensions en avance.
  • toutes les solutions professionnelles et brevetées (et plus onéreuses) : les batardeaux amovibles en aluminium, les digues gonflables (à l'air ou à l'eau), les big-bags...

Toutefois, si les eaux montent de plus de 50cm, ces solutions risquent de trouver leurs limites...

Si votre sous-sol comprend des siphons de sol, ou des évacuations d'eau, pensez que l'eau va ressortir par ces orifices. Vous pouvez les obturer avec des moyens de fortune (chiffons et lestage), ou prévoir à l'avance un système fixe d'obturation (une plaque en acier avec un joint souple, à boulonner au-dessus du siphon).

Dans tous les cas, si la montée des eaux dure plus longtemps qu'un simple épisode orageux, des infiltrations d'eau sont possibles. Elles devraient se limiter à quelques millimètres, mais en cas de montée plus importante, un vide-cave sera nécessaire (en supposant que l'électricité est encore en service...).

Le stockage des carburants : essence et gasoil

La France a une fois encore joué à se faire peur, ces dernières semaines... 6, puis 8 raffineries bloquées, blocus organisés par les grévistes devant les sites de stockage, sur-médiatisation de l'événement, panique aux pompes, pénurie dans plus de 40% des stations...

1968 (la seule vraie pénurie que la France ait connu), 1996, 1997, 2000, 2010, 2016... l'histoire se répète.



Quel est le risque réel de pénurie ?

L'importance du risque dépend de l'origine du problème. Si le problème vient d'une grève, localisée en France ou dans quelques pays d'Europe, le risque est faible. Si le problème vient des pays de production (guerre, grèves, arrêt des exportations...), les conséquences seront surtout une flambée des prix, compte tenu des stocks mondiaux, et des multiples pays de production (une bonne partie de notre essence à la pompe vient des sables bitumineux du Canada... grâce à Total).

En France, la loi Billardon de 1992 impose à chaque pétrolier d'avoir en permanence à disposition sur le territoire 27% des volumes écoulés l'année passée (source). La réserve stratégique est donc de 3 mois environ.


En cas de grèves, l'Etat n'hésitera pas à puiser dans cette réserve stratégique, et à employer la force pour éliminer tout barrage routier tenu par des grévistes ou des émeutiers. C'est ce qui s'est passé cette année.
Cette réserve de 100 jours pèse environ 17 millions de tonnes, mais il est bon de savoir que ces stocks ne sont pas que des essences raffinées, et immédiatement prêtes à l'emploi... Si les raffineries sont bloquées, il ne reste plus que deux solutions : importer des essences raffinées (c'est cher), ou réquisitionner le personnel pour remettre en route les raffineries (la remise en service prend 5 jours).

La réserve stratégique est en principe réservée à un usage civil (l'armée possède ses propres stocks), mais si la menace sur le pays est élevée (guerre, arrêt de la production dans plusieurs pays producteurs...), il ne faut pas douter qu'elle sera réservée à l'Etat (FDO, pompiers, SAMU, protection civile). La situation, en mai 2016, n'était pas tendue, mais c'est pourtant ce qui s'est passé dans l'ouest du pays.

Dans ce cas de figure, je pense que circuler alors que tout le monde sera à sec ne sera pas une très bonne idée... Si on n'a pas su ou pu rallier son éventuelle BAD, ou son point de repli, à temps, il sera préférable de rester à son domicile et faire profil bas. Se pose donc la question de savoir dans quel but stocker - ou plutôt, quand utiliser son stock.


Dans quel but stocker ?

Je ne traite ici que du cas du carburant destiné aux véhicules ; si on possède un groupe électrogène, la logique est différente. J'en parlerai dans un article ultérieur.

De mon point de vue, le stock de carburant est destiné à une situation d'urgence vitale uniquement :
  • urgence médicale (accouchement, urgence vitale alors que les secours ne sont pas disponibles)
  • évacuation urgente (incident nucléaire 6 ou 7 sur l'échelle INES, donc avec relargage d'isotopes dans l'atmosphère)
  • ralliement de notre point de repli

De mon point de vue, les stocks ne servent donc pas à se rendre au travail, en cas de pénurie généralisée. (Si vous travaillez dans le médical, l'assistance aux personnes, votre situation est évidemment différente...)

Pourquoi ?

Parce que, si la crise est bénigne, comme en 2010 ou 2016, vous trouverez toujours le moyen de vous réapprovisionner pour vos besoins courants. Si la crise est majeure et s'installe dans la durée, vous aurez d'autres priorités que vous rendre à votre travail.

Lorsque la situation de pénurie va s'installer, vous aurez, comme on va le voir, au minimum le réservoir à moitié plein. Vous allez vous précipiter comme tout le monde aux pompes pour remplir le réservoir au plus vite (et au besoin, renouveler votre stock avec du carburant frais).
En optimisant vos déplacements, en roulant à l'économie (activation du mode ECO, coupure de la clim, passage des vitesses en douceur...), et en cherchant à vous réapprovisionner, vous devriez pouvoir tenir une dizaine jours, en gardant une dizaine de litres dans le réservoir.
Or, si la situation au bout de cette période n'est pas résolue ou stabilisée, c'est que la situation est particulièrement grave. A ce moment, vous ne devriez pas être le seul à ne plus pouvoir vous rendre à votre travail, et il est largement temps (voire trop tard) de réorienter vos priorités.

Votre fond de réservoir restant (1/2 ou 1/3) associé à vos stocks devrait à ce moment être strictement réservés aux déplacements urgents et vitaux. (Et votre présence à votre travail peut revêtir un caractère vital, mais c'est le cas d'une minorité de personnes.)


Quelles quantités stocker ? Quelle stratégie de stockage ?

La première habitude à prendre est de ne jamais descendre en-dessous du 1/2 réservoir, à la rigueur du 1/3... Cela implique des arrêts à la pompe plus fréquents. C'est assez contraignant au début, mais on prend très vite l'habitude de considérer le niveau "50%" comme le niveau "réserve atteinte" !

Cette simple disposition offre en permanence une marge de manœuvre. Si je prends un réservoir de 45 litres (réserve comprise), et une consommation moyenne de 5 litres/100 km, le véhicule est en permanence à même de nous projeter à plus de 400 km - soit de couvrir presque la moitié du territoire !

Tout dépend ensuite de la distance que l'on souhaite parcourir.
Si on a un point de chute défini (BAD, ami ou famille habitant assez loin, résidence secondaire...), on peut retenir le double de la distance qui nous en sépare comme autonomie minimale. Cette marge permet de prévoir des imprévus (point de départ plus éloigné, embouteillages, détours...).
A défaut, je trouve raisonnable de partir sur une distance totale de 800 à 1000 km (la France, d'est en ouest, et du nord au sud, s'étend sur environ 950 km).

Si on part sur 800 à 1000 km comme proposé plus haut, il reste donc 20 à 25 litres à stocker.
A titre d'illustration, pour quelqu'un qui habite l'est de la France, voici la capacité de projection que cela lui offre :


En orange, la limite des 400 km offerte par le 1/2 réservoir ; en rouge, la capacité de projection offerte par un réservoir plein, ou par le 1/2 réservoir + le stock.

A titre personnel, je stocke donc 20 litres d'essence et 20 litres de gasoil (ayant un véhicule essence, et un véhicule diesel). A cela s'ajoute l'éventuel stockage complémentaire pour un groupe électrogène (cas que je ne traite pas ici).

Les volumes stockés devront tourner régulièrement, nous allons voir plus bas à quelle fréquence...


Précautions de stockage : la sécurité

L'essence (SP95 et SP98) est très volatile, et forme un mélange détonant dans l'air. C'est même comme cela que fonctionne un moteur à explosion. On parle de LIE et de LSE (limites inférieures et supérieures d'explosivité) : les vapeurs sont dangereuses pour une concentration comprise entre 1,4 et 7,1% (sachant que l'odeur de l'essence se détecte à partir de 0,000012%). Entre ces seuils, une source de chaleur suffit à générer une explosion.

Stocker de l'essence engendre donc un risque d'accident non négligeable. Il faut donc être sûr que l'utilité qu'on aura du carburant en cas de crise contrebalance ce risque lié au stockage.

Le gasoil (diesel) est quant à lui bien moins dangereux. Ses LIE et LSE sont de 0,6 et 6,5%, mais il est bien moins volatile que l'essence. Il génère moins de vapeurs, et son stockage génère donc un risque plus faible que l'essence.

En tout état de cause, il convient toujours de stocker les carburants :
  • dans un lieu ventilé
  • à une température stable, à l'abri des fortes chaleurs et de la lumière du soleil
  • loin de toute source de chaleur (flamme nue, ampoule halogène, baladeuse d'atelier, outils...)
  • si on respecte ces trois points, on en conclut qu'il faut éviter le stockage dans le véhicule (incendie ou explosion en cas de collision, variations de températures). D'une part, si vous respectez la règle du réservoir à moitié rempli, vous ne devriez jamais vous retrouver à sec. D'autre part, il est préférable d'avoir dans le coffre un jerrican PEHD vide, qui vous servira à vous réapprovisionner en cas de panne sèche. Et rien n'interdit de lui associer deux longueurs de durite PVC et un chiffon pour siphonner un réservoir (cette page explique très bien comment faire)...

Lors de l'ouverture d'un jerrican d'essence, il faut toujours se trouver dans un lieu ventilé (idéalement, à l'extérieur), et loin de toute source de chaleur (telle qu'un moteur qu'on vient d'arrêter), puisqu'un fort dégazage a souvent lieu.

Il est bon de savoir également qu'un jerrican vide et non ventilé (rempli de vapeurs) explose, et est donc plus dangereux qu'un jerrican plein, qui brûle.

Enfin, lorsque vous remplissez un jerrican, prenez toujours soin de le poser au sol, et de mettre en contact la partie métallique du pistolet avec le jerrican. Ceci évitera toute étincelle due à l'électricité statique... (Et il est évidemment hors de question de remplir un jerrican posé dans le coffre, sur une moquette génératrice d'électricité statique !)


Durées de conservation

De nombreuses sources se contredisent sur les durées de stockage (les pétroliers notamment donnent des valeurs trop faibles), mais voici quelques repères fiables :
  • l'essence SP95 ou SP98 se garde environ 6 mois sans additifs
  • le SP peut se garder 4 à 5 ans avec un additif adapté (ces additifs sont en vente dans les magasins de bricolage ou de jardinage, avec les huiles pour tondeuses et matériel de jardin)
  • il ne faut pas stocker l'essence E10, qui se dégrade en 2 ou 3 mois
  • le diesel peut se conserver 4 à 5 ans
  • il vaut mieux stocker le diesel excellium (pour Total), ou les autres diesels enrichis, qui contiennent d'avantage d'additifs
  • les jerricans doivent toujours être pleins. D'une part, l'oxygène favorise l'apparition de bactéries, voire d'algues, pour le diesel. D'autre part, un jerrican d'essence partiellement rempli va se saturer en vapeurs.
  • les carburants vendus en hiver (du 1er octobre au 31 mars) sont plus riches en adjuvants et se conservent mieux
  • quand on utilise son stock de carburant, il faut utiliser un filtre lorsqu'on le vidange dans le réservoir, et toujours le mélanger avec du carburant frais, qui apportera les additifs nécessaires au démarrage et au bon fonctionnement du moteur


Même en prenant ces précautions, il faut garder à l'esprit qu'un carburant va se dégrader avec le temps. Les moteurs plus rustiques (les anciens véhicules, les diesel à injection directe, sans common rail, les outils de jardinage...) vont être plus tolérants que les moteurs des véhicules récents. Si on prend soin de filtrer le carburant et de toujours mélanger avec du carburant frais, il n'y a pas de grand risque pour le moteur, mais on peut se retrouver avec une consommation beaucoup plus importante qu'à l'habitude, et donc une autonomie réduite.

Il convient donc de faire tourner régulièrement ses stocks. A chacun de voir à quelle fréquence, mais pour ma part, avec des additifs pour le SP, je considère que les carburants peuvent durer un à deux ans.


Quel contenant ?

On aborde un sujet vital. Deux contenants existent : les jerricans plastiques, peu chers, et les jerricans métalliques, type militaires.

Les jerricans plastiques sont en PEHD (polyéthylène haute densité), et existent normalement en deux couleurs (jaune pour le diesel et rouge pour l'essence). Les jerricans militaires se trouvent en kaki, et parfois en bleu électrique.

La différence de coût est notable : compter 20 € pour un jerrican PEHD avec bec verseur, et 40 à 50 € pour un jerrican militaire en tôle, à quoi il faut ajouter un bec verseur à 15 €.


Je vous recommande formellement de ne pas utiliser de jerricans en plastiques (PEHD). Quoi qu'en disent les fabricants, ces jerricans (trop fins, et avec des conditions de fabrication douteuse) sont perméables aux vapeurs, et sont sujet à des déformations en fonction des variations de température.
S'il vous faut une preuve, collez une étiquette plastique sur un jerrican PEHD rempli d'essence, et regardez au bout de combien de temps elle va commencer à se décoller...
Ces réservoirs PEHD sont donc réservés pour l'usage évoqué plus haut : jerrican de 5 litres vide, dans le coffre du véhicule, en cas de panne sèche.

Si vous prenez des jerricans militaires de surplus, par souci d'économie, je vous recommande vivement de contrôler avec soin leur état intérieur : l'essence est très corrosive pour l'acier.

Et évidemment, je vous recommande d'éviter toute autre contenant qui ne soit pas destiné à cet usage (même si, en cas d'urgence, un récipient alimentaire en PEHD va faire le travail).

Pour finir, je vous conseille de marquer la nature du carburant contenu dans le jerrican, ainsi que la date du remplissage. J'ai une méthode simple : un bout de duct-tape collé sur le jerrican, et j'écris dessus au marqueur.


A quel coût ?

Si vous partez dans l'optique de stocker 20 litres de carburant dans un jerrican métallique neuf, il vous faut compter un investissement de départ de 70 € :
  • jerrican militaire en tôle neuf : 40 €
  • bec verseur métallique : 15 €
  • entonnoir + filtre : 5 €
  • jerrican PEHD 5 litres (conservé vide), durites PVC, chiffon : 10 €
  • premier plein : 25 €



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